Quatre ans après avoir signé le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les pays ont pris des mesures pour intégrer les objectifs et les cibles dans leurs plans de développement national et aligner leurs politiques et leurs institutions sur ces objectifs et cibles.
Le Rapport sur les objectifs de développement durable 2019 utilise les dernières données disponibles pour mesurer les progrès accomplis, dans le monde, en matière de développement durable et évaluer le chemin parcouru afin de respecter nos engagements.
Le rapport montre que, si des avancées ont été obtenues dans certains domaines, il reste encore des problèmes immenses à résoudre. Les constatations et les données mettent en évidence des domaines auxquels il faut accorder une attention urgente et qui nécessitent des progrès plus rapides, afin de réaliser la vision à long terme du Programme 2030.
Comme convenu par les États Membres, ces problèmes et engagements sont interdépendants et appellent des solutions intégrées.
Il est par conséquent impératif d’avoir une vision holistique du Programme 2030 et d’identifier les domaines ayant le plus d’impact, afin de cibler les actions.
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Le domaine d’action prioritaire concerne les changements climatiques. Si nous ne réduisons pas maintenant les émissions de gaz à effet de serre, qui ont atteint un niveau record, le réchauffement mondial devrait atteindre 1,5 degré Celsius au cours des prochaines décennies. Comme nous le constatons d’ores et déjà, les effets combinés seront catastrophiques et irréversibles : l’acidification croissante des océans, l’érosion des côtes, des conditions météorologiques extrêmes, des catastrophes naturelles plus fréquentes et plus graves, la dégradation continue des terres, l’extinction d’espèces vitales et l’effondrement des écosystèmes.
Ces conséquences, qui rendront inhabitables de nombreuses parties du monde, affecteront surtout les pauvres. Elles menaceront la production alimentaire, ce qui entraînera des pénuries alimentaires et des famines généralisées, et peuvent éventuellement déplacer jusqu’à 150 millions de personnes d’ici à 2050. Le compte à rebours pour mener des actions décisives contre les changements climatiques a commencé.
L’autre problème déterminant de notre époque est l’inégalité croissante entre les pays et à l’intérieur des pays. La pauvreté, la faim et les maladies continuent d’être concentrées dans les pays et les groupes de personnes les plus pauvres et vulnérables. Plus de 90 % des décès maternels surviennent dans des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire.
Trois quarts de tous les enfants présentant un retard de croissance vivent en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. Les populations des États fragiles sont deux fois plus susceptibles de ne pas disposer d’un service d’assainissement de base et sont près de quatre fois plus susceptibles de ne pas avoir un service d’approvisionnement en eau potable de base que les personnes qui ne sont pas en situation précaire. Les jeunes sont trois fois plus susceptibles d’être sans emploi que les adultes. Les femmes et les filles accomplissent une part disproportionnée des travaux domestiques non rémunérés et ne participent souvent pas à la prise de décisions.
Les problèmes sont interdépendants et les solutions à la pauvreté, aux inégalités, aux changements climatiques et aux autres problèmes mondiaux sont également dépendantes les unes des autres. L’examen des interdépendances entre les objectifs de développement durable permet d’envisager sérieusement d’accélérer les progrès.
Ainsi, la lutte contre les changements climatiques nécessite de recourir à une énergie propre, d’enrayer la perte de zones forestières et de modifier nos modes de production et de consommation.
Promouvoir une agriculture durable peut aider à réduire la faim et la pauvreté, puisque près de 80 % des personnes extrêmement pauvres vivent dans des zones rurales.
Le développement de l’accès à des services d’approvisionnement en eau potable, d’assainissement et d’hygiène peut sauver des millions de vies chaque année et augmenter la fréquentation scolaire.
Améliorer les compétences en lecture et en mathématiques de quelque 200 millions d’enfants qui ont pris du retard en Afrique subsaharienne leur permettra de sortir de la pauvreté et donnera à la région les moyens de prendre sa place dans un marché mondial compétitif.
Ce rapport met aussi en avant l’importance d’investir dans les données pour appliquer intégralement le Programme 2030. Dans la plupart des pays, et pour plus de la moitié des indicateurs mondiaux, les données ne sont pas recueillies régulièrement. En effet, le manque de données précises et actualisées portant sur de nombreux groupes et individus marginalisés les rend « invisibles » et aggrave leur vulnérabilité. Alors que des efforts considérables ont été accomplis au cours des quatre dernières années pour remédier à ces lacunes dans les données, les progrès sont néanmoins limités.
Il est urgent d’augmenter les investissements pour s’assurer que des données adéquates sont disponibles, afin de prendre des décisions éclairées dans tous les domaines du Programme 2030.
À cette fin, la Déclaration de Dubaï, lancée au deuxième forum mondial sur les données, ébauche un mécanisme de financement, basé sur la demande et placé sous la supervision des États Membres, qui répondra rapidement et efficacement aux priorités des systèmes statistiques nationaux.
Les problèmes mis en évidence dans ce rapport sont des problèmes mondiaux qui requièrent des solutions mondiales. Les pays ou les individus ne peuvent pas les résoudre de manière isolée. En d’autres termes, une action multilatérale est plus importante que jamais. Il est remarquable de constater à quel point le Programme 2030 a permis de réunir des groupes disparates pour œuvrer ensemble sur des objectifs communs. La coopération internationale sur les changements climatiques, les migrations, les technologies, le commerce et les partenariats avec toutes les parties prenantes peuvent être davantage renforcés avec l’aide du système des Nations Unies.
Il nous reste encore du temps pour réaliser les objectifs de développement durable si nous agissons maintenant et ensemble, en tirant parti des nombreuses synergies du Programme 2030.