Particulièrement vulnérables aux déficiences des systèmes d’accès à l’eau et à l’assainissement, les femmes mettent en place des solutions efficaces et adaptées pour répondre aux difficultés et aux contraintes et améliorer la vie quotidienne de leurs communautés.
Leur parole est pourtant insuffisamment prise en compte dans l’élaboration des politiques de l’eau et de l’assainissement et, même efficaces, leurs initiatives ne sont que rarement identifiées, leur savoir-faire est peu valorisé et leurs bonnes pratiques ne sont pas suffisamment répliquées , lit-on dans une note publiée par des ONG du secteur eau et assainissement.
Les acteurs du WASH indiquent au travers du document que le secteur de l’eau et de l’assainissement peut contribuer à la lutte contre les inégalités et avoir un impact positif sur le statut social, politique et économique des femmes et des minorités sexuelles et de genre, tout en améliorant l’efficacité de ses dispositifs.
Cela nécessite de mettre à disposition des acteurs et actrices de terrain des instruments de diagnostic et d’analyse, dans la conception même des projets, ainsi que des mécanismes inclusifs de sensibilisation et de participation.
En effet, les femmes sont les premières utilisatrices des systèmes d’eau et d’assainissement et sont concernées au premier chef. La faible prise en compte de la vulnérabilité des femmes en termes d’EAH et leur sous-représentation dans les instances décisionnelles des infrastructures liées sont encore très répandues et nécessitent de la sensibilisation et du renforcement de compétences.
L’approche genre intègre également la problématique des minorités sexuelles et de genre. Ce sujet est abordé ici dans une approche inter sectionnelle qui tient compte des facteurs de vulnérabilité et de discrimination, avec une attention particulière portée aux personnes victimes de violence, d’exclusion et de grande précarité en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement.
Les femmes, les filles et les minorités sexuelles et de genre sont touchées de manière disproportionnée par le manque d’accès à l’eau et aux équipements sanitaires.
Dans les pays en développement comme au Togo , les femmes et les filles ont la charge de la collecte de l’eau dans près de trois quarts des foyers. Les femmes et les filles sont souvent les principales utilisatrices, pourvoyeuses et gestionnaires de l’eau dans les ménages mais aussi les gardiennes des normes d’hygiène dans ces foyers.
Dès qu’un système d’approvisionnement en eau se détériore, c’est souvent aux femmes de couvrir de longues distances et de passer des heures entières pour satisfaire les besoins en eau de leurs familles.
Impacts genre sur le non-accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène
Les femmes et les filles sont les premières à bénéficier de l’amélioration des services en eau et assainissement.
Des installations en eau allègent les travaux domestiques, diminuent le temps à consacrer aux tâches ménagères, favorisant indirectement une meilleure scolarisation des filles et réduisant l’écart dans le partage des travaux domestiques entre les femmes et les hommes.
Le manque d’eau et d’infrastructures sanitaires de base expose davantage les femmes aux risques d’agression : contrainte de parcourir de longues distances pour aller chercher de l’eau ou de s’éloigner pour faire ses besoins à l’extérieur, 1 femme sur 3 dans le monde est exposée aux risques de violence et à la honte.
Le manque d’infrastructures sanitaires de base est l’une des causes principales de l’abandon scolaire des jeunes filles à l’âge de la puberté, car leur dignité et leur sécurité ne sont plus assurées.
La menstruation restant un sujet encore largement tabou, les personnes chargées de la conception des systèmes d’assainissement, souvent des hommes, ne prennent pas en considération ce besoin des femmes et des filles.
Lors de l’accouchement, les nouveau-nés et les mères sont susceptibles de contracter des infections si les conditions d’hygiène sont mauvaises. La septicémie, principale cause d’infection chez les nouveau-nés, est associée depuis longtemps aux mauvaises conditions d’hygiène à la naissance : elle est responsable de 16 % de la mortalité néonatale et 11 % des décès maternels.
Lorsque les infrastructures sont pensées sans la contribution des femmes, elles peuvent être mal adaptées à leurs besoins – manque d’intimité, pas d’accès à l’eau – et sous utilisées ou délaissées.
Togo/Accès à l’eau potable : Le PASSCO 2 lancé à Kousoungou dans les savanes
Les minorités sexuelles et de genre sont confrontées à des discriminations dans l’accès aux distributions d’aide d’urgence, eau et matériels d’hygiène périodique notamment. Elles sont victimes de violences spécifiques contraignant leur accès aux toilettes publiques. Les femmes sont clairement les premières utilisatrices des systèmes d’eau, d’assainissement et d’hygiène, en raison des rôles sociaux qui leur sont attribués par les sociétés patriarcales : en charge de la famille, du soin aux enfants et aux personnes âgées, de la préparation des repas, etc., elles assument des tâches qui les confrontent à l’usage, la dégradation et la protection des ressources naturelles.
Il est nécessaire de bien comprendre que ces fonctions ne s’expliquent pas par leurs différences biologiques de sexe (organes, hormones, etc.) – le fait d’avoir des ovules ou des seins ne prédispose pas à une plus grande efficacité dans la corvée d’eau, par exemple – mais plutôt par l’attribution de rôles découlant de constructions culturelles et sociales, et aux enjeux de pouvoir dans les sociétés.
Ces définitions de rôles ne sont donc pas innées, comme peuvent l’être les différences biologiques, mais acquises et ancrées dans les usages.
Pour une meilleure prise en compte du genre dans les projets EAH, les auteurs du document proposent la définition des objectifs en matière d’amélioration sur le genre (réduction inégalités, empowerment…). La mise en place des outils pour évaluer la réalité et l’impact de la prise en compte du genre. Et enfin conduire des sessions de sensibilisation pour les bénéficiaires des projets, les autorités locales et les services de santé.
Edem kolani